Éric Ciotti choque son propre camp en ce qui concerne l’ultradroite

Le président de LR a provoqué une controverse interne en refusant de condamner les actes de violence survenus à Romans-sur-Isère le 26 novembre, malgré un rétropédalage ultérieur le lundi soir.

À droite, l’émotion collective suite au décès du jeune Thomas à Crépol (Drôme) dans la nuit du 18 au 19 novembre a suscité une réponse unanime. Cependant, des tensions sont apparues lorsque le président de LR, Éric Ciotti, a semblé esquiver la question des violences perpétrées par des groupuscules d’ultradroite qui ont suivi cet événement tragique.

« Ce qui m’inquiète, c’est ce climat de terreur, de violence, ces agressions qu’il faut combattre et condamner (en parlant de Thomas). Vous voulez me faire dire autre chose, je ne vous le dirai pas », a ainsi déclaré initialement le député de Nice sur BFMTV. Invité le lendemain dans l’émission « Touche pas à mon poste », Ciotti a cette fois-ci évoqué une « extrême droite dangereuse » et des « groupuscules qui doivent être dissous », d’autant plus que certains de leurs militants ont été condamnés par la justice entre-temps. La polémique est-elle désormais close ?

Pas tout à fait, car cet épisode a perturbé de nombreux cadres du parti Les Républicains, suscitant des interrogations à la fois sur le fond et sur la stratégie de leur leader. « Il est pris entre mille feux en ce moment, mais ce n’est pas très compliqué de condamner des violences d’où qu’elles viennent. On ne peut pas laisser croire, par omission, qu’on a une tolérance envers les violences de l’extrême droite », s’alarme un député LR. « On a été nombreux à être choqués », s’indigne un autre collègue. Un troisième parle même de « dérapage ».

Un proche d’Éric Ciotti argumente que la stratégie était de se faire le porte-parole de l’opinion publique, en se concentrant sur le cas de Thomas, et nie tout refus de condamnation, expliquant que l’émission de lundi était plus propice à cette prise de position. Un cadre au Sénat essaie de comprendre : « Dimanche, il se dit que s’il condamne l’ultradroite, il donnera l’impression d’être dans le mauvais camp. Mais en même temps, tu ne peux pas ne pas condamner, même du bout des lèvres. »

Cependant, certains trouvent cela incompréhensible, en particulier au vu de la stratégie visant à attirer les voix du centre-droit, un électorat que LR convoite en vue de 2027. Un autre député redoute que de telles déclarations ne dissuadent les électeurs de droite d’opter pour Emmanuel Macron, mettant ainsi en danger les ambitions électorales de LR.

Beaucoup de membres du parti gardent en mémoire certaines déclarations passées d’Éric Ciotti, comme sa préférence affirmée pour Zemmour par rapport à Macron lors de la présidentielle, ou encore son argument selon lequel la différence entre LR et le RN réside dans leur capacité à gouverner. Le RN, de son côté, n’a pas hésité à condamner rapidement ces groupuscules, ce qui a laissé perplexe une députée LR : « Même Jordan Bardella a condamné tout de suite ces groupuscules qui veulent faire leur propre loi. Il a été plus modéré et respectueux de la légalité que nous. »

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